Le Swaziland et l’obsession de la virginité des femmes

15 octobre 2014

Le Swaziland et l’obsession de la virginité des femmes

Ce n’est pas la première fois que le sujet fait l’actualité au Swaziland. Déjà en 2002, le roi Mswati III (tout comme son père avant lui) avait remis au goût du jour une loi incitant les femmes vierges à arborer un pompon distinctif et à respecter une période de chasteté de 5 ans. Devant le tollé, cette loi avait finalement été abrogée quelques mois plus tard.

Chaque année, ce même roi est honoré à l’occasion de la cérémonie de la Danse des Roseaux durant laquelle des dizaines de milliers de jeunes femmes vierges sont appelées à danser à demi-nues pour lui.

En plus du spectacle, il peut également saisir cette occasion pour désigner une nouvelle épouse parmi les danseuses, quand il n’enlève pas l’une d’entre elles au grand dam de la jeune fille et de sa famille.

L’heureuse élue pourra ainsi rejoindre la liste de ses 15 épouses et fiancées, seules les femmes lui ayant déjà donné un enfant pouvant prétendre au rang d’épouse.

Reed Dance (Danse des Roseaux), photo de Darron Raw - FlickR.com
Reed Dance (Danse des Roseaux), photo de Darron Raw – FlickR.com

Un royaume ravagé par le VIH

Avec 26 % de la population adulte atteinte, le royaume swazi est l’un des pays les plus touchés au monde par l’épidémie de VIH.

Un plan de lutte a été mis en place autour de 5 grands thèmes dont l’un consiste à restreindre la liberté des femmes en leur allouant une rente mensuelle, équivalant à environ 15 euros, afin qu’elles puissent acheter leurs produits d’hygiène (protections périodiques…).

Les femmes visées par cette proposition sont celles âgées entre 18 et 24 ans, car les études démontrent que c’est le groupe de population le plus à risque. Cette rente sera versée chaque mois pendant 5 ans… à la condition qu’elles restent vierges.

Les autorités swazies justifient cette mesure par le fait de vouloir protéger les nombreuses femmes incitées à la prostitution par des hommes qui profitent de leur pauvreté et propagent ainsi la maladie.

La mesure est très critiquée sur le principe tout d’abord, mais également à cause du montant de l’allocation qui est beaucoup plus faible que les revenus possibles via la prostitution.

Si l’intention de lutter contre le VIH est tout à fait légitime, l’on peut néanmoins s’interroger sur le réalisme de cette mesure, son sérieux et son effet discriminant pour les femmes.

sources

E200/month for girls to avoid sex, Times of Swaziland

SWAZILAND: Le mystère de l’impopularité du préservatif enfin élucidé ?, Irin

Statistiques sur le Swaziland, Unicef

VIH/sida : quelques faits et chiffres, Onu Women

Le roi et les pompons, Afrik.com (article de 2001)

La Ligue féminine de l’ANC condamne l’enlèvement d’une Swazie, Panapress (article de 2002)

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Commentaires

Gilbert LOWOSSOU
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Quand certaines traditions tuent l'afrique!!!

Fotso Fonkam
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C'est vraiment nul comme tradition. Mais pas aussi nul que la mesure prise pour combattre le VIH!

bachirou adamou
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prdns mes cher_e evitns le rpport sans preservatif