Estelle - Afroféministe

24 heures de mobilisation en faveur du sport féminin #24hSportFéminin

En octobre 2012 et à l’initiative de Christine Kelly, Présidente de la mission Sports, le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) menait une étude sur la représentation du sport féminin.

Les résultats étaient sans appel puisque cette expérience a démontré que les compétitions féminines ne représentaient alors que 7% de l’ensemble des diffusions. 

ImpressionC’est ainsi que le CSA, en collaboration avec l’association Femix’Sports, les secrétariats d’Etat aux sports et aux droits des femmes ainsi que le Comité national olympique et sportif français, organise aujourd’hui la seconde édition des 24 heures du sport féminin (la première ayant eu lieu en 2014).

Cette mobilisation dont l’objectif est de médiatiser les compétitions sportives féminines aura bien entendu lieu dans les médias mais des actions locales sont également organisées.

Les sportives de haut-niveau sont mobilisées, la liste des ambassadrices comprend notamment :

Laura Georges, footballeuse guadeloupéenne évoluant au PSG et ayant à son actif 156 sélections et 6 buts en équipe nationale. Elle est également ambassadrice du programme de développement du football féminin de l’UEFA.

Sandrine Gruda, basketteuse martiniquaise évoluant à l’Ekaterinbourg Club (Russie).  Elle est également vice-championne Olympique en 2012 et finaliste du championnat d’Europe en 2013.

Nodjialem Myaro, ancienne handballeuse d’origine tchadienne. Championne du monde 2003, Présidente de la Ligue nationale de handball, vice-présidente de la Fédération française de handball.

Si le sport féminin concerne toutes les championnes qu’elles participent aux compétitions pour personnes valides ou pour personnes handicapées, il concerne également les amatrices.

Il s’agit d’un moyen d’expression et de bien-être. De nombreuses disciplines sont proposées afin que chacune puisse trouver celle qui convient à ses envies et à ses besoins (avec des adaptations parfois nécessaires) et si les conditions d’exercice ne sont pas toujours accessibles à toutes (freins culturels ou personnels, infrastructures…) il ne faut pas hésiter à nous mobiliser pour partager nos passions et les faire évoluer.

Mandy François-Elie, athlète d’origine martiniquaise. Médaille d’or olympique du 100 mètres, Championne du monde du 100 et du 200 mètres.

Ladies’ Turn : pour l’organisation d’un tournoi de football féminin au Sénégal

Toujours dans le cadre de la promotion du sport féminin, Arte diffuse actuellement le film Danbé, la tête haute qui met en images l’autobiographie d’Aya Cissoko, boxeuse d’origine malienne.

Championne du monde boxe française et anglaise, elle a du mettre un terme à son exceptionnelle carrière après une fracture des cervicales pour entamer un autre parcours tout aussi exceptionnel en intégrant l’école Sciences Po et en devenant autrice.

Pour terminer cet article, je ne peux m’empêcher de partager cette e-x-t-r-a-o-r-d-i-n-a-i-r-e remontée de la sprinteuse d’origine ivoirienne Floria Gueï lors du relais 4*400 mètres des Championnats d’Europe d’Athlétisme de 2014.

sources

Le sport féminin à la télévision, CSA (2013)

Les 24 heures du sport féminin : pour donner des elles au sport –  Fémix’Sports

Ambassadeurs et ambassadrices des 24 heures du sport féminin 2015 – Fémixsports

Trophées Fémix’Sports 2015

Danbé, la tête haute – Arte


De l’esclavage à la liberté, l’histoire de Mary Prince par Souria Adèle

En 1828, après 40 années de souffrances et de multiples changements de propriétaires, Mary Prince est à nouveau déracinée pour arriver dans la froide et humide Angleterre qui contraste sévèrement avec les Caraïbes.

Ses propriétaires en ont décidé ainsi et elle n’a d’autre choix que de s’y plier en laissant derrière elle son mari ainsi que toutes les personnes qu’elle aime.

Elle ne savait pas que ce nouvel exil forcé changerait sa vie en l’emmenant vers un combat judiciaire qui influerait sur la politique esclavagiste de l’État colonial anglais.

en représentation à la Manufacture des Abbesses jusqu'au 20/12/2014
en représentation au Théâtre des Abbesses jusqu’au 20/12/2014

C’est cette histoire que Souria Adèle a choisi d’interpréter sur la scène de la Manufacture des Abbesses. J’ai pu voir en mars dernier ce spectacle qui m’a profondément touchée.

Colère, admiration, interrogations.

Seule sur scène, l’actrice incarne totalement son personnage et nous fait ressentir l’inhumanité de cet esclavagisme qui retire toute liberté et bien-être. Cet asservissement qui prive les mères de leurs enfants, les frères de leurs sœurs et les femmes de leurs époux.

C’est avec beaucoup d’admiration que j’ai reçu ce témoignage du combat de Mary Prince porté par la finesse et la pudeur de l’incarnation de Souria Adèle.

Je ne m’étalerai pas plus sur le contenu ou la forme de ce spectacle car je vous invite vivement à aller le voir afin de vous faire votre propre opinion.

Je peux en revanche vous parler des interrogations que cela a soulevé en moi en tant qu’afro-descendante des Caraïbes. Des questions en rafale sur ces femmes qui m’ont précédée et qui vivaient dans des conditions proches de celles de Mary Prince. Comment ont-elles lutté contre cette condition ?

Car je n’ai aucun doute sur le fait qu’elles aient lutté.

Lutté à leur manière telle une Mary Prince qui s’est mariée à un ancien esclave contre l’avis de ses propriétaires et qui s’est rebellée une fois arrivée sur le sol anglais (l’esclavage n’existant pas sur le sol anglais mais uniquement dans les colonies).

Je n’ai malheureusement aucune réponse à ces interrogations et je n’en n’aurais pas. En revanche ce que j’ai ce sont les histoires d’une Mary Prince et de tant d’autres femmes esclaves qui se sont battues.

Merci à Mary Prince, Solitude, Lumina Sophie (née à l’abolition), Flore Gaillard, Héva, Nanny et à tant d’autres esclaves marronnes pour avoir combattu mais également pour avoir laissé ces traces et ainsi nous apporter les réponses que nous n’aurons pas à titre individuel.

Merci également à ceux et celles, telle Souria Adèle, qui transmettent ces histoires au grand public.

J’ai vu et participé à des manifestations contre une pièce de théâtre qui déshumanise un peu plus les Noirs. J’ai également lu ce message de Souria Adèle sur le manque de spectateurs lors de ses représentations.

Tout le monde dit  » oui y a pas assez de spectacle sur l’esclavage fait par les noirs avec les noirs » mais personne ne vient quand un afro-descendant fait quelque chose. On n’est dans une contradiction sans fin.

Souria Adèle sur Facebook

Soutenir est tout aussi essentiel que de dénoncer.

Mary Prince, jusqu’au 20 décembre 2014 à la Manufacture des Abbesses


Déshabillée et frappée en pleine rue pour une tenue jugée indécente #MyDressMyChoice

La respectabilité des femmes est trop souvent utilisée pour définir la manière dont elles doivent être traitées et il est fréquent d’entendre des affaires d’agressions sexuelles minimisées à cause de la tenue de la victime.

C’est ce qui est arrivé à une femme kenyane qui a été déshabillée en pleine rue parce que sa tenue n’était pas jugée suffisamment convenable.

Elle a également été frappée dans les parties génitales et insultée par des hommes qui la traitaient de tentatrice.

#MyDressMyChoice

Il semble que certains esprits trouvent légitime d’agresser sexuellement une femme pour corriger son attitude et la faire rentrer dans les rangs de la respectabilité.

Doit-on en déduire que seules les femmes irréprochables méritent leur intégrité physique alors que cela devrait être un dû pour chacune d’entre nous ?

Cette affaire sordide ne s’est pas cantonnée aux rues de Nairobi puisqu’elle a été filmée et que la vidéo circule sur un Internet dont les utilisateurs sont toujours prompts à ridiculiser les plus faibles d’entre nous.

Qui sont donc ces hommes qui agressent les femmes, filment les faits plutôt que de lui porter assistance et participent à leur diffusion à coup de commentaires justifiant ce qui s’est passé ?

C’est particulièrement effrayant.

Mais Internet est également (et heureusement !) un outil permettant à la riposte de s’organiser. C’est ainsi que le hashtag Twitter #MyDressMyChoice a été lancé afin de dénoncer cette affaire ainsi que tous les comportements visant à limiter la liberté des femmes à porter une simple mini-jupe.

La campagne de soutien à cette jeune femme se fait également dans la rue, une manifestation à l’initiative du groupe de femmes Kilimani Mums aura lieu demain lundi 17 novembre à Nairobi.

Par ailleurs Grace Kaindi, responsable de la police kenyane, indique qu’une enquête est en cours afin de retrouver et de punir les auteurs de cette agression.

sources (en anglais)

Women to hold miniskirt protest to support stripped woman, as Kenyans take to Twitter to condemn act, #MyDressMyChoice, The Star

My Dress My Choice: Kenyans React To The Stripping of a Woman, Kiketele.com

liste des tweets du hashtag #MyDressMyChoice

Groupe Facebook Kilimani Mums Nairobi


Fatu Kekula a héroïquement soigné sa famille atteinte d’Ebola

L’épidémie d’Ebola est critique et touche particulièrement 3 pays d’Afrique : la Sierra Leone, la Guinée-Conakry et le Liberia. Alors que les populations occidentales cèdent progressivement à la psychose face à cette grave maladie, une femme libérienne a déjoué toutes les statistiques en apportant des soins à 4 membres de sa famille.

L’histoire commence quand le père de Fatu Kekula tombe malade. Elle l’emmène alors dans différents hôpitaux qui ne peuvent le prendre en charge faute de place et de personnel soignant, ce dernier étant lui-même affecté par la maladie.

Il reste donc à domicile, mais contamine malheureusement son épouse, une autre de ses filles ainsi que son neveu.

J’ai tellement pleuré, je disais à Dieu « tu me dis que je vais perdre toute ma famille ? »

Fatu Kekula, qui est étudiante infirmière se charge de leur apporter des soins à l’aide de médicaments fournis par une clinique locale. Elle est cependant consciente de l’extrême contagion de la maladie et du fait qu’elle doit rester en bonne santé afin d’aider efficacement ses proches.

C’est là que toute l’ingéniosité de cette femme se met en œuvre : elle confectionne des protections avec les moyens du bord.

Ses cheveux sont couverts d’une paire de collants et d’un sac-poubelle enroulés autour de la tête.

Ses pieds sont protégés grâce à des chaussettes recouvertes de sacs-poubelles retroussés à mi-mollet par-dessus lesquels elle enfilait une paire de bottes en caoutchouc, elles-mêmes recouvertes d’une couche supplémentaire de sacs-poubelles.

Son tronc était couvert par un imperméable et ses mains recouvertes de 4 paires de gants.

Un masque venait compléter cette tenue certes incongrue, mais efficace puisqu’elle n’a pas contracté la maladie alors qu’elle assurait des soins intensifs auprès des siens.

Ce succès ne s’arrête pas là, alors qu’au Liberia la maladie est mortelle dans 70 % des cas, 3 des 4 malades de sa famille ont survécu à cette terrible épreuve.

Après ces deux  semaines de combat, un hôpital a enfin pu admettre son père, sa mère, sa sœur et son cousin mais ce dernier n’a malheureusement pas survécu.

Fatu Kekula, image nairalandnews
Fatu Kekula : « Je suis fière de moi » – image nairalandnews

Il est difficile d’attribuer totalement ces résultats à ces mesures car d’autres facteurs ont pu influer. Cependant le dévouement, la débrouillardise et la résistance physique et morale de Fatu Kekula sont à saluer.

Sa « méthode du sac-poubelle » est d’ailleurs reprise par des volontaires de l’aide internationale afin de former les populations locales à son utilisation. C’est à la fois une source d’espoir dans la lutte sur le terrain et un aveu terrible du dénuement des habitants et des systèmes de santé face à cette maladie.

La vie reprend son cours

Désormais guéri, son père met tout en oeuvre afin de récolter les fonds pour qu’elle puisse terminer ses études d’infirmière et ainsi venir en aide à d’autres personnes qui auront besoin de ses compétences et de son intelligence.

Je suis sûr qu’elle sera une figure du Liberia, son père

Une source d’espoir qui ne doit pas occulter la réalité

Cette réussite est également l’occasion de rendre hommage à celles qui au quotidien sont présentes auprès des malades alors que les femmes sont d’une manière générale les premières victimes d’Ebola, au Liberia 75 % des personnes décédées sont des femmes.

Les causes sont multiples et directement liées à leur condition de vie des femmes et à leur place dans la société.

 « Ce sont elles qui soignent les membres de leur famille quand ils tombent malades. De plus, elles circulent entre la Guinée et la Sierra Leone pour vendre sur les marchés leurs produits. Et quand quelqu’un meurt, ce sont les femmes qui préparent l’enterrement, font la toilette mortuaire… »
Julian Duncan-Cassell – ministre libérienne de l’Egalité des sexes et du Développement

sources

Woman saves three relatives from Ebola, CNN

Parcours de femmes extraordinaires: Fatu Kekula face à Ebola, Challenges

Pourquoi y a-t-il plus de femmes que d’hommes qui meurent d’Ebola? Slate


Thomas Sankara et le féminisme

image extraite du documentaire "Thomas Sankara" de Balufu Bakupa Kanyinda
image extraite du documentaire « Thomas Sankara » de Balufu Bakupa Kanyinda

Il y a aujourd’hui 27 ans, le 15 octobre 1987, disparaissait Thomas Sankara alors Président du Burkina Faso.

Son œuvre est régulièrement célébrée et citée en exemple d’action politique panafricaine et de résistance à l’impérialisme occidental.

L’une de ses nombreuses luttes rejoint directement l’objet de Parlons des Femmes Noires.

Le 5ème Président du pays des Hommes Intègres était un ardent défenseur du féminisme et mettait son aura au service de l’autonomisation des femmes.

 

Citations de Thomas Sankara

Nous devons comprendre comment la lutte des femmes burkinabé d’aujourd’hui fait partie de la lutte de toutes les femmes dans le monde et au-delà de cela, la réhabilitation pleine et entière de notre continent. La question des femmes est donc au cœur même de l’humanité elle-même, ici, là-bas et partout.

L’émancipation de la femme passe par son instruction et l’obtention d’un pouvoir économique. Le travail au même titre que l’homme, les mêmes droits et devoirs sont des armes contre l’excision et la polygamie, armes que la femme n’hésitera pas à utiliser pour se libérer elle-même et non par quelqu’un d’autre.

sources

La libération de la femme : une exigence du futur (discours du 8 mars 1987), ThomasSankara.net

Sankara, la révolution et l’émancipation des femmes, Pambazuka.net