Estelle - Afroféministe

10 sportives noires qui ont marqué l’Histoire de leur discipline

article initialement écrit en 2013

En clin d’œil à l’article 10 sportifs noirs qui ont mis tout le monde d’accord de Totem World (2013), j’ai eu envie de mettre à l’honneur ces sportives dont les exploits sont souvent minimisés face à la toute puissance médiatique du sport masculin (merci les sponsors et le patriarcat).

Pourtant leurs performances sont tout autant méritantes et remarquables…

Althea Gibson – Tennis – USA

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Bien avant le regretté Arthur Ashe, cette non moins regrettée championne fut la première personne noire (hommes et femmes confondus) à briller dans le tennis.

Althea Gibson a remporté le tournoi de Roland Garros en 1956 avant de gagner l’ancêtre de l’US Open, en pleine Amérique ségrégationniste, et Wimbledon les 2 années suivantes.

Jackie Joyner-Kersee – Athlétisme – USA

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Détentrice du record mondial de l’heptathlon (compétition pluridisciplinaire) depuis 1988 et de 7 médailles d’or olympiques ou mondiales, son excellence a régulièrement été reconnue en athlétisme comme en basket-ball (son premier choix).

En 2012, elle a été honorée en intégrant le Panthéon de l’athlétisme de l’IAAF qui célèbre les plus grands athlètes de l’histoire des compétitions internationales.

Marie-José Perec – Athlétisme – France (Guadeloupe)

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De 1988 à 2003, Marie Jo a brillé en courant le 200 mètres et le 400 mètres. Ses exploits ont fait vibrer de nombreux cœurs guadeloupéens et français. Ses 13 médailles d’or dans des titres internationaux lui ont valu les honneurs du Panthéon de l’athlétisme de l’IAAF.

La chanson de l’artiste martiniquais Saël rendant hommage à Marie-José Pérec.

Surya Bonaly – Patinage artistique – France (la Réunion)

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Là où de nombreuses sportives noires contemporaines excellent dans l’athlétisme, Surya Bonaly a choisi d’exercer dans le monde du patinage artistique.

Elle y a fait sensation en prenant la tête du Championnat de France durant une dizaine d’années et celle du Championnat d’Europe pendant 5 ans. Elle a également remporté pendant 3 années consécutives la médaille d’argent lors des Championnats du Monde. Durant l’édition 1994 et s’estimant victime de racisme, elle refusa de monter sur le podium avant de se raviser.

Désormais patineuse professionnelle, elle est également engagée dans la lutte contre le racisme dans le sport en étant marraine de l’association  « La France des talents et des couleurs ».

Venus et Serena Williams – Tennis – USA

The Championships - Wimbledon 2012: Day Twelve

Suivant la voix tracée par Althea Gibson, les sœurs Williams ne sont plus à présenter. Elles totalisent 48 victoires dans en tournois du Grand Chelem et Jeux Olympiques, parfois en duo puisqu’elles n’hésitent pas à jouer ensemble en double.

Caster Semenya – Athlétisme – Afrique du Sud

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Après avoir remporté le 800 mètres lors des Championnats du Monde de 2009, Caster Semenya a eu à faire face à une avalanche de commentaires suspicieux et dégradants sur son apparence.

Jugée trop masculine pour être honnête et au vu de ses excellentes performances, elle a du subir tout d’abord sans le savoir des tests afin de confirmer sa féminité. Au bout de quelques mois, l’IAAF l’a finalement autorisée à courir de nouveau dans la catégorie féminine.

Aux réclamations de parents dénonçant une concurrence déloyale ont succédé les récriminations d’adversaires lui conseillant, en imitant sa voix rauque, de« retourner faire du football avec les hommes ». « Elle répondait calmement qu’elle voulait courir et les battre, que la piste n’était pas une estrade pour top-modèles », se souvient Michael Seme, son premier entraîneur professionnel. Le Monde

Tegla Loroupe – Athlétisme – Kenya

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Cette athlète présente un palmarès détonant. Elle est recordwoman du monde du 20 km, du 25 km et du 30 km.

Sa carrière terminée, elle continue à s’investir pour aider les autres dans le cadre de sa fondation ou de l’association des Champions de la Paix.

La fondation de Tegla Loroupe a investi près d’un million d’euros dans des projets visant à offrir une alternative économique aux razzias coutumières : agriculture, hôtellerie, tourisme et surtout éducation. « Grâce à l’école, les jeunes femmes comprennent qu’elles peuvent acquérir leur indépendance économique, que cela ne sert à rien de tout miser sur le mariage et la dot », estime Tegla qui a, elle-même, fréquenté l’université. Sa fondation organise des courses de la paix dans d’autres pays d’Afrique de l’Est, notamment l’Ouganda et le Soudan du Sud. RFI

Tirunesh Dibaba – Athlétisme / Cross-Country – Ethiopie

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La sportive éthiopienne a remporté 3 titres olympiques et 9 titres mondiaux sur longues distances (5000 mètres et 10000 mètres). Première femme à avoir réalisé le doublé 5000 mètres et 10000 mètres lors de Jeux Olympiques, elle est également détentrice du record du monde du 5000 mètres.

Cathy Freeman – Athlétisme – Australie

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S’il est une sportive noire qui est un symbole fort en faveur de la réconciliation entre la population noire et la population blanche de son pays c’est bien Cathy Freeman. Spécialiste du 200 mètres et du 400 mètres, cette femme aborigène a été choisie pour allumer la flamme olympique lors des Jeux de Sidney.

Cerise sur le gâteau, elle a cette année-là offert à son pays le titre du 400 mètres allant jusqu’à porter à la fois le drapeau australien et le drapeau aborigène lors de son tour d’honneur.

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Je présente ici une sélection tout à fait subjective même si j’ai tenu à y faire figurer des femmes de toutes les régions du monde. J’aurais pu faire d’autres choix, je pense notamment à de nombreuses sprinteuses de la Caraïbe ou des USA.

J’en retiens une sur-représentation de l’athlétisme et regrette notamment la présence de participantes à des sports collectifs.

En faisant mes recherches, je suis tombée sur l’étude Genre et Sport en Afrique du CODESRIA.

J’avoue ne pas l’avoir lue entièrement, j’ai juste parcouru les pages 71 et 93 qui sont très intéressantes. Je vous invite à les parcourir si le sujet vous intéresse. Je suis preneuse de toutes informations sur ce sujet.


10 mai – Portraits de femmes marronnes et résistantes

Aujourd’hui nous commémorons en France la journée des mémoires et de réflexion sur la traite, l’esclavage et leurs abolitions. La loi mémorielle Taubira reconnait depuis le 10 mai 2001 ces faits comme crime contre l’humanité et c’est la raison du choix du 10 mai.

Ces abolitions ont été précédées de très nombreuses luttes d’esclaves qui n’ont tout au long de ces 400 années cessé de combattre contre la déshumanisation dont ils faisaient l’objet. La combativité de ces femmes et de ces hommes a permis, pour la France, l’abolition de la traite tout d’abord puis l’abolition de l’esclavage en 1848.

J’entends souvent des noms célébrés et je regrette que les figures féminines marronnes et plus généralement résistantes ne soient pas mieux connues et reconnues.

Cette période de commémoration est l’occasion pour moi d’évoquer ce sujet en commençant par un petit tour en Guadeloupe et en Martinique, mes îles d’origine. Plus tard nous irons entre autres à la Réunion.

Solitude

La plus connue d’entre elles est sans conteste la guadeloupéenne Rosalie, surnommée « La Mulâtresse Solitude ». Je me passe bien volontiers de l’adjectif car il revêt un aspect animalier que je rejette (mulâtre venant de l’espagnol « mulato », soit un mulet) et comme d’autres je l’appelle simplement Solitude puisque s’est ainsi qu’elle s’est elle-même surnommée.

Née du viol d’une femme captive africaine sur un bateau négrier, Solitude a rejoint une communauté marronne et prit les armes en 1802 lorsque Bonaparte rétablit l’esclavage aboli lors de la Révolution Française. En mai 1802 elle fut capturée après avoir vu mourir  ses camarades de combat. Elle bénéficia alors d’un léger sursis car, étant enceinte, les esclavagistes ont attendu qu’elle mette l’enfant au monde avant de la pendre le jour suivant son accouchement. Elle avait 30 ans.

Comme je le disais, Solitude est la plus célèbre de ces femmes au point que son nom est régulièrement cité dans la liste des femmes qui mériteraient d’entrer au Panthéon. Mais surtout, de nombreuses œuvres lui ont été consacrées tel le roman « La Mulâtresse Solitude » d’André Schwarz-Bart, la statue de Jacky Poulier qui trône fièrement aux Abymes (Guadeloupe) ou cette autre statue de Nicolas Alquin qui est érigée à Bagneux (Hauts de Seine).

Solitude - sculpture aux Abymes
Solitude, statue de Jacky Poulier (Abymes, Guadeloupe) – photo Guadeloupe-Tourisme.com

Guadeloupe-tourisme.com

Gertrude

Toujours en Guadeloupe une autre figure histoire, et hélas moins célébrée, est celle de Gertrude. Âgée de 56 ans, cette femme esclavage a été condamnée en 1822 pour une série d’empoisonnements de colons.

Gertrude n’était pas marronne puisqu’elle a été arrêtée sur l’habitation, cependant l’empoisonnement était l’un des actes de résistance les plus pratiqués (comme l’infanticide et le suicide) et les femmes étaient aux commandes.

Cette série d’empoisonnement a été suivie d’un procès qui a jugé 5 personnes dont 4 femmes : Gertrude et sa fille Perrine, Marabou ainsi qu’une « mulâtresse » libre nommée Nanon et Jean-Philippe.

Au terme du procès et de son appel, Perrine a été remise à son maître, Nanon a été emprisonnée jusqu’à ce que des preuves irréfutables de sa culpabilité soient trouvées, Marabou a été emprisonnée 1 an et Jean-Philippe a été battu, marqué au fer avant d’être enfermé.

Gertrude a été condamnée à être pendue puis brulée vive. L’exécution a eu lieu le 8 février 1822.

Elle n’a jamais avoué ni plié face à ses accusateurs. Alors qu’elle était déjà condamnée et sur le point d’être exécutée, ses bourreaux cherchaient encore à lui tirer des aveux. Sans succès.

L’un d’entre eux dira même : « Cette femme avait le courage de la résignation ».

Une statue de Michel Rovelas lui rend hommage à Petit Bourg (Guadeloupe) et j’ai tout récemment beaucoup apprécié cet hommage mis en scène par Emmanuelle Soundjata et photographié par ThiPhoPics.

photo Guadeloupe-Tourisme.com
Gertrude, statue de Michel Rovelas (Petit Bourg, Guadeloupe) – photo Guadeloupe-Tourisme.com

Guadeloupe-Tourisme.com

En 1820 à Petit-Bourg, l’exécution  » pour l’exemple » de la négresse Gertrude, 56 ans, « empoisonneuse » , Perspektives

La Martinique ?

Concernant la Martinique, je n’ai pas identité précisément d’héroïne marronne mais je ne doute pas qu’il en existe auquel cas n’hésitez pas à m’en faire part en commentaire ou via le formulaire de contact. Cela me ferait énormément plaisir et je pourrais partager l’information avec les lectrices et lecteurs.

Je vous propose cependant cette intervention de Stéphanie Bellerose, doctorante en Histoire, sur le thème « Le marronnage des femmes de Saint-Pierre à partir de la Gazette de la Martinique XIXè siècle« .

Elle y décrit ses travaux sur le sujet et notamment les conditions de marronnage de ces femmes : durée, liberté relative qui fait que leurs fuites sont déclarées tardivement, urbanité, etc.

On y apprend également que les femmes représentaient dans la zone étudiée 52% des esclaves et 40% de ceux en fuite.

Le marronnage des femmes à St Pierre. https://www.manioc.org/ fichiers/V14277
Le marronnage des femmes à St Pierre.
https://www.manioc.org/ fichiers/V14277

 « Constamment, les femmes ne cessent de marronner »

Je souhaite que l’héroïsme de ces femmes soit encore plus mis en avant car elles ont combattu pour notre liberté en mettant leurs propres vies en jeu. Et c’est aussi grâce à cela que je suis là.

Le fait de me (re)plonger dans ces histoires me fait m’interroger sur moi-même. Si j’étais née quelques siècles plus tôt, comment aurais-je agit ?

Est-ce que j’aurais été aussi combative ?

Si oui, quelles auraient été mes armes : fuir avec une communauté marronne pour y prendre les armes ou assurer l’intendance, rester sur l’habitation et répandre du venin dans les plats et boissons des ennemis ?

Me serais-je suicidée ou est-ce que j’aurais évité des souffrances à mes enfants en leur ôtant la vie ?


L’acteur Bill Cosby, violeur en série ? Son aveu

Cela fait des années que l’on entend différentes accusations de viol à l’encontre de celui qui interprétait le Dr Cliff Huxtable dans le Cosby Show. Sur la douzaine d’accusations, un seul procès a eu lieu et il a été conclu par un non-lieu.

Les victimes sont comme toujours dans les affaires de viol, présumées coupables. C’est bien le seul crime pour lequel la moralité de la plaignante est un élément aussi déterminant dans le traitement populaire, médiatique et judiciaire.
Nous l’avons vu dans la tristement célèbre affaire Dominique Strauss-Kahn accusé du viol de Nafissatou Diallo et pour lequel aucun procès pénal n’a pas eu lieu.

Non pas car le procureur ne croyait pas sa version mais parce qu’il estimait qu’elle n’était pas une victime crédible...

On le voit également ces derniers temps en Guadeloupe avec l’affaire Cornet, cet homme politique accusé d’atteinte sexuelle sur une enfant de 13 ans. Il y a des dizaines de commentaires criant au complot ou justifiant le délit d’un homme adulte « parce qu’elle l’a sûrement aguiché ».

13 ans.

Pour en revenir à l’affaire Cosby, Hollywood Reporter vient de publier une déposition de 2005 dans laquelle l’accusé admet avoir utilisé des drogues à l’insu de femmes pour les violer.

Bill Cosby

« In a deposition dated September 29, 2005, and obtained by the Hollywood Reporter, the comedian was asked, « When you got the Quaaludes, was it in your mind that you were going to use these Quaaludes for young women that you wanted to have sex with?

Yes »

Son avocat a tout fait pour éviter que cette déposition ne devienne publique en arguant même que Bill Cosby n’est pas un homme public ce qui est grotesque.

On comprend pourquoi…

sources

La déposition de Bill Cosby révèle qu’il a utilisé de la drogue pour violer des femmes, Hollywood Reporter (en anglais)

Affaire du viol de Nafissatou Diallo par Dominique Strauss-Kahn, Wikipédia

L’affaire Cédric Cornet commentée sur Internet, page Facebook France Antilles Guadeloupe

Le sédatif Quaalude (ou méthaqualone), Wikipédia


Tamara Suffren, chanteuse haïtienne de jazz créole – par @Pommeris

La twitta @Pommeris nous initie à la culture musicale haïtienne en nous présentant la chanteuse de jazz créole Tamara Suffren.

# # # #

J’ai grandi avec le jazz le blues, la musique rasin (vodou), mais surtout le konpa.

Qui en Haïti n’écoute pas de konpa ? Que tu le veuilles ou non tu peux te retrouver à chanter un son konpa que tu n’as jamais mis chez toi.

Comment ? Eh bien parce que les voisins ne mettent pas du Tabou Combo ou du Tropicana d’Haïti un samedi ou un dimanche pour eux, mais pour le quartier. Et cette ambiance festive donne naissance fort souvent à des get together improvisés mais aussi à des petits groupes musicaux de n’importe quelle tendance.

Bien que sur la scène internationale on connaît beaucoup plus les groupes konpa, beaucoup de nos musiciennes et musiciens n’ont pas cessé d’innover et d’apporter du nouveau pour le bon plaisir des amants de la musique. Et c’est dans cette quête que nous avons vu surgir le jazz créole.

Imaginez écouter du jazz sur fond de tambour, ce petit bout de soleil sur chaque note, ce bruit de vague qui accompagne le solo saxophone… Imaginez écouter les paroles imagées des scènes de vie caribéennes. Eh bien, on retrouve tout ça sur le CD de l’une des divas du jazz créole que j’adore : Lespwa de Tamara Suffren.

page Facebook de Tamara Suffren
Page Facebook de Tamara Suffren

Elle a un talent fou et une voix chaleureuse. Avec Lespwa, elle nous offre 12 morceaux de bonheur, de joie, de gaieté, de bonne humeur et de sourire. Je dois dire que c’est tout ce que je ressens en écoutant ce CD.

Elle commence avec Mèsi Bondyé [merci bon Dieu] qui est un classique de la musique traditionnelle haïtienne, l’un des premiers chants vodou qui ont été interprétés par beaucoup de musiciens (il existe une version de James Germain et de Malavoi).

Je veux croire que c’est pour remercier le ciel, la nature et les anges gardiens pour avoir enfin eu la chance de produire son premier album, elle qui chante depuis l’âge de 5 ans.

Mèsi Bondye gade kisa lanati pote pou nou,

Lapli tonbe mayi pouse

tout timoun ki grangou prale manje

An nou danse kongo an nou danse petro

Papa Bondye ki nan syèl la mizè a fini pou nou.

Merci Bon Dieu, regarde ce que la nature nous a apporté. La pluie est tombée et le maïs a poussé. Tous les enfants qui avaient faim pourront manger. Dansons le congo, dansons le petro. Notre père du ciel, notre misère a pris fin.

Ensuite vient Zanmi (ami), c’est le titre qui nous donne des leçons par rapport à nos amitiés à partir d’une série de proverbes haïtiens.

Zanmi se trèt nan pla men cho.

Et le premier chant de l’amour arrive, Sa k’ rivé (qu’est-ce qui s’est passé). Ce moment où tu te rends compte que tu es dinguement amoureux-se de quelqu’un-e et que tu découvres les facettes de cet amour, mais surtout les changements en toi. Eh bien si c’est ton cas, alors cette douceur décrit l’histoire de ta vie.

Ou byen m’ap fou oubyen m’ap dekouvri lanmou

pouki toutan ou nan panse m…

Lannwit tonbe w’anvayi rèv mwen

jou poko leve non w nan bouch mwen

Ou je deviens folle ou je suis en train de découvrir l’amour. Pourquoi es-tu tout le temps dans mes pensées ? Il fait nuit et tu envahis mes rêves. Avant même qu’il ne fasse jour ton nom est sur mes lèvres.

On rentre un peu plus dans l’ambiance jazz, avec un autre chant sur l’amour, je préfère dire une poésie chantée sur l’amour. Cette fois, elle chante pour un chéri.

Pi bèl rèv mwen fè sanble avè w’

Mon plus beau rêve ressemble à toi.

Salon pèp (salon du peuple), en Haïti les rues sont considérées comme le salon du peuple voir ici ceux qui n’ont surtout pas le privilège d’avoir un grand et beau salon chez eux. Elles ont une importance dans notre quotidien et je crois que chaque rue a un récit à raconter qu’il soit social, historique ou tout simplement une anecdote. Tamara chante ici un parallèle entre ce que devrait être une rue et l’état déplorable de nos rues.

Et encore de l’amour, parce que oui il ne chantera jamais assez l’amour et tout ce qu’il nous permet de vivre, Chak Jou (chaque jour).

Chak fwa nou rankontre se toujou sanble premye fwa

Chak jou w di m ou renmen m’ se sèl pawòl mwen tande

Chak fwa lè ou manyen m’ se tout kò m ki pran louvri…

*soupirs*

A chaque fois que tu me touches, tout mon Être s’ouvre.

On prend une pause avec l’amour pour parler de rêves, d’espoir : Lespwa qui est donc le titre de l’album. Il est important de la voir chanter et d’admirer sa beauté avec son joli afro !

Larenn solèy (la reine soleil) ; ici le plus important c’est le silence du saxo devant le tambour à 1 min 01s . La beauté d’un yanvalou.

Et la Petite fleur de l’album, rien à dire juste écouter l’instrumental.

Je ne voulais pas le dire pour ne pas influencer ceux et celles qui vont surement écouter l’album, mais je le dis quand même : Batistè (acte de naissance) est mon titre préféré. Et le je viens d’avoir un doute, mais je reste derrière mon choix. La poésie derrière ce texte est magnifiquement belle. J’écoute souvent cette chanson les yeux fermés peut-être que ça m’aide a mieux imaginer une belle histoire d’amour…

Mele jès mwen avèk jès ou

tounen mizik m ap vin danse w

dwèt mwen sonje chalè kò w

g on van ki bouke site non w (…)

Vin chita, taye cheve m’

w ap fin pa jwenn sa m gen pou m di w depi lontan.

[Je ne pense pas que la traduction sera à la hauteur des mots, du coup je ne le fais pas]

Et en parlant de yeux fermés, l’avant-dernier morceau est un classique de chez nous que l’on chante aux bébés pour les endormir. Et pour finir ce beau cadeau que nous a offert Tamara Suffren en collaboration avec P. Vaiana, elle nous chante Maladie d’amour qui est une biguine créole.

Cet album est en résumé un mélange de poésie et de belles mélodies. Beaucoup des titres sont écrits par elle et de grands poètes haïtiens. j’espère que vous allez aimer cette jeune chanteuse tout comme moi.

Si vous voulez acheter son CD sur iTunes ou Amazon.

Pour l’écouter sur Spotify et sur Soundcloud.

La page Facebook de l’artiste


Ces femmes noires aux commandes du ciel et de l’espace

Enfant, je voulais être astronome. Je dévorais mon encyclopédie afin de découvrir trous noirs et autres merveilles de l’espace et mon regard se perdait souvent dans les étoiles.

Cette envie m’est passée assez tôt. Je ne sais pas si c’est parce que j’associais l’astronomie avec un imaginaire d’enfance, si j’ai été découragée par le système scolaire français ou si c’est tout simplement car je n’en avais pas les compétences.

Toujours est-il que je repense parfois à ce rêve d’enfant et à ce que ma vie aurait été, je l’avais réalisé. C’est ainsi que je me suis intéressée à des parcours de femmes scientifiques et de lien en lien j’ai découvert l’histoire de l’Américaine Mae Jemison, première femme noire astronaute.

Mae Jemison - photo Wikipedia
Mae Jemison – photo Wikipedia

Diplômée en génie chimique, en études africaines et afro-américaines et docteur en médecine, le parcours de cette passionnée de danse est impressionnant. Ses aptitudes et sa ténacité, sa candidature à la Nasa avait été refusée une première fois, lui ont permis de participer à la mission spatiale américaine de 1992.

« C’était un moment très important, car depuis toute petite je savais que j’irais dans l’espace. » – Mae Jemison

 

L’une des inspirations de Mae Jemison est l’aviatrice Bessie Coleman, première femme noire pilote d’avion. Née à Atlanta (Etats-Unis) en 1892, Bessie Coleman avait décidé qu’elle piloterait des avions, mais c’était sans compter sur le sexisme et la ségrégation raciale qui avait alors cours dans son pays. C’est finalement en France qu’elle recevra la formation qui lui permet d’obtenir la licence de pilote de la Fédération aéronautique internationale. Imaginez une femme noire pilote d’avion en Picardie durant l’entre-deux-guerres… La personnalité de Bessie Coleman force l’admiration.

Il faut que nous ayons des aviateurs si nous voulons être en phase avec notre époque. Je ne pourrai jamais être satisfaite tant que nous n’aurons pas des Hommes de notre race qui sauront voler. – Bessie Coleman

Bessie Coleman - photo Wikipedia
Bessie Coleman – photo Wikipedia

Joan Higginbotham et Stephanie Wilson sont les deux autres femmes noires américaines qui ont parcouru l’espace.

Un peu plus bas dans le ciel, La’Shanda Jones est pilote d’hélicoptère au sein des gardes-côtes américains. Sa mère s’est suicidée alors qu’elle était encore un nourrisson et elle a ensuite été ballottée en familles d’accueil, elle a du surmonter un parcours difficile pour réaliser son rêve.

Mais ces femmes noires aux commandes du ciel et de l’espace ne sont pas uniquement américaines.

C’est de son père pilote d’avion que la Kényane Irene Koki Mutungi tient sa vocation. Première femme noire africaine capitaine d’aviation, elle compte bien mener une longue carrière et, à l’instar de son père, la poursuivre en tant que consultante une fois l’heure de la retraite sonnée.

L’Ethiopienne Amsale Gualu est depuis 2010 capitaine d’aviation dans son pays.

Si tu es passionnée, si tu crois en toi et que tu travailles beaucoup, tu peux atteindre n’importe quel objectif. Etre une femme ne doit pas être un frein. – Amsale Gualu

Quant à la Congolaise Fatima Beyina-Moussa, si elle n’a pas au sens propre pris les commandes du ciel, elle n’en est pas moins présidente de la compagnie aérienne ECAir et de l’association africaine des transporteurs aériens.

Ces quelques exemples sont des modèles de réussite et doivent motiver les femmes noires à s’intéresser aux filières scientifiques.

Pour en revenir à l’astronomie, connaissez-vous Fatoumata Kebe ?

Doctorante en astronomie à Paris, elle cultive le partage d’expérience afin de démontrer que  » tous les chemins mènent à Rome « .

J’aimerais que toutes les petites filles voient cette vidéo afin qu’elles sachent que beaucoup de choses leur sont possibles, et ce malgré les discriminations raciales, religieuses, sexuelles ou sociales.

A lire également sur le sujet

Ces femmes noires qui ont conquis le ciel : l’aviation civile, Savoir et partage

Sakhile Nyoni: une femme à la tête d’Air Botswana, Aeronautique.ma